Bibliographie simplifiée
- Au milieu de la nuit – Ad Solem – 1997 : le plus petit livre, illustré ; reprise poétique de l’Exode (probablement pendant son dernier Carême à En-Calcat).
- Sagesses – Ad Solem – 2001 : radicalité de l’engagement, « Nous n’avons jamais su choisir ».
- La liturgie des saisons – Le Castor Astral – 2001 – Prix de poésie Max-Pol Fouchet : sa veine poétique et spirituelle, en la simplicité des débuts.
- Le pacte de lumière – Le Castor Astral – 2007 : une poésie de la transparence : transparence de l’être, âme, chair et sang du poète.
- L’infini en toute vie – Ad Solem – 2008 : huit mouvements qui sont autant de jours et suit la progression d’une marche dans les montagnes pyrénéennes.
- D’eau et de lumière. Lourdes, une spiritualité de la transparence – Ad Solem – 2010 : aborder le message de Lourdes en lien avec la beauté naturelle de son environnement.
- Puissance du mystère – Le Castor Astral – 2010 : « Le mystère ne désigne nullement l’obscur, l’improbable, mais l’insondable, l’infiniment ouvert… »
- Petites chroniques d’un chrétien ordinaire – Desclée de Brouwer – 2010 : recueil des « Essentiels » de La Vie.
- Sens et beauté – Ad Solem – 2011 : œuvre de maturité, où le poète revisite les mystères chrétiens au gré de ses jours en contact avec la nature.
- Avance en vie profonde – Ad Solem – 2012 : « avancer en profondeur, en esprit et en vérité, avec la légèreté de la lumière » ; et pour cela, « trois colonnes » : prière, parole et pain.
- Le Vif, le Pur – Le Passeur – 2013 : « le clair ! l’ouvert ! /où tu respires enfin. »
- Les signes de Lourdes. Un chemin d’universalité – Bayard – 2014 : approfondissement des thèmes de pèlerinage dans le sanctuaire durant les années 2000 : le rocher, l’eau, la lumière, les foules, les malades…
- Intériorité et témoignage. Aux sources de la présence – Ad Solem – 2014 : initiation à l’intériorité et à la prière, en partant de la figure de Bernadette Soubirous.
- Poèmes pour habiter la terre – Le Passeur – 2015 : la poésie a pour mission de déceler tout ce qui peut être matière à émerveillement, matière à joie, pour mieux habiter la terre. Le texte est suivi de réactions de lecteurs à ces pages.
- Habiter les mots. Variations sur la Parole – Ad Solem – 2016 : méditations sur le langage et ce que l’on en fait. D’où parlons-nous ? et pour quoi ?
- L’Evangile de la rencontre. Jésus et la Samaritaine – Artège – 2018 : méditations sur les rencontres personnelles avec Jésus au cours de l’Evangile de Jean.
- Supplique du vivant – Ad Solem – 2019 : livre paru un mois avant sa mort. Le poète relit des situations qu’il a vécues.
- Variations sur le silence – Ad Solem – 2019 : ce recueil fait pendant à Habiter les mots, dont il est l’autre face. Le poète explore tous les aspects du silence et ce qu’il porte.
- Estuaires – Ad Solem – 2024 : derniers poèmes, de Bretagne.
- Je est Amour – Ad Solem – 2024 : Testament spirituel, dans lequel il étaye son expérience spirituelle. Livre écrit en juillet-août 2018 alors qu’il est en traitement pour son cancer.
Présentation plus détaillée
L'oeuvre de Philippe Mac Leod (1954-2019), forte de vingt ouvrages, est, à la fois, puissamment lumineuse et remarquablement diverse. Elle comprend en effet des recueils poétiques aussi bien que d’amples méditations spirituelles et de profondes réflexions sur la beauté et la parole. Nous en proposons ci-dessous la bibliographie exhaustive publiée.
Notre présentation n'a qu'un seul but : pousser le lecteur à pénétrer personnellement et entièrement dans cet édifice, afin d'en découvrir et d'en mesurer pour lui-même la profondeur et la hauteur.
Frédéric Dieu
Au milieu de la nuit – Ad Solem – 1997
Il s’agit de son premier recueil, publié chez Ad Solem en 1997, illustré de dessins de Marie Galle. Un petit bijou de poésie qui nous fait revivre l’expérience du peuple hébreu sortant d’Égypte et marchant à travers le désert vers la Terre promise. Au fil des pages, le texte biblique affleure constamment. Le 1er chapitre s’intitule « Un Carême ». Or, à Pâques 1997, Ph. Mac Leod quitte la vie monastique dont il s’était approché deux ou trois ans auparavant. Un livre intime qui garde la trace de cette vie offerte et retirée, pétrie de lectio divina, et dévoile une donnée fondamentale de son futur parcours : être à l’écoute et rester en chemin.
Sagesses – Ad Solem – 2001
Deuxième livre, publié en 2001 chez Ad Solem. Ph. Mac Leod à cette période est encore à Saint-Béat où il a commencé sa vie solitaire. L’ouvrage témoigne de sa quête de vérité et des questions qui se posent au fur et à mesure du chemin qui s’ouvre à lui. Le texte biblique est proche, les thèmes principaux de son œuvre prennent forme. L’auteur s’affronte entre autres à la question du sacrifice (Lévitique), où se dévoile le tranchant de son appel : … nous n’avons jamais su choisir… titre du dernier chapitre – dernière phrase du livre –, qui nous met en demeure de nous positionner.
La liturgie des saisons – Le Castor astral – 2001 – Prix de poésie Max-Pol Fouchet
Ce qu’écrit Jean-Pierre Lemaire dans sa préface à La liturgie des saisons peut s’appliquer à une grande partie de la poésie de P. Mac Leod : « Il y a beaucoup de solitude
dans ce recueil. Une seule rencontre l’occupe, avec le partenaire essentiel, parfois appelé ‘mon Dieu’…ce Dieu nomade…émigre continuellement d’une personne à l’autre : la voix qui parle semble être tantôt la sienne, tantôt celle du poète s’adressant à lui, à moins que le poète ne confonde sa propre voix avec celle de son Dieu pour s’adresser à nous ». La liturgie des saisons mêle et entremêle ainsi, en un tissage subtil de voix, d’apostrophes et de versets, qui parfois recèle des échos du Cantique des cantiques, l’appel et la poursuite amoureuses de Dieu vers l’homme, la résistance, l’indifférence et l’opacité de celui-ci mais aussi la mission quasi prophétique du poète, qui est de dire et de chanter cet amour, d’en faire part au peuple, à l’assemblée, au lecteur, avec ses mots. C’est donc parfois Dieu qui, par la voix
du poète, s’adresse aux hommes. Mais le poète n’est pas seulement le relais et l’écho passif de son Dieu. Une mission quasi-prophétique (voire thérapeutique) lui est assignée, une mission d’éclaireur et d’intercesseur. Ph. Mac Leod manifeste déjà dans ce premier recueil de poèmes, sa volonté, dans et par la poésie, de dire Dieu, de le laisser se dire en nous.
Le pacte de lumière – Le Castor astral – 2007
Dans ce deuxième recueil de poèmes, Ph. Mac Leod poursuit sa recherche d’une poésie de la transparence (transparence de l’être, âme, chair et sang du poète) et de
l’ouverture à la pleine circulation en soi de la lumière et de la vie, dans leur mouvement le plus intense, le plus plénier. Ce désir de transparence, cette volonté d’ouverture, sont à l’oeuvre dans la vie et dans la parole du poète, celui-ci ne concevant pas de parole poétique qui n’aurait sa propre vie pour origine et attestation. C’est à partir de sa retraite pyrénéenne, qui est en réalité une avancée au large, une pleine ouverture et réponse à l’appel d’une plus vaste vie, que le poète reçoit l’élan vers cette transparence. Voulant vivre et écrire selon cet élan, il fait alliance, il conclut un pacte, avec lui et tout ce qui le manifeste, notamment les oiseaux et les arbres : l’oiseau dont le cri ouvre et offre un autre espace, plus vaste et comme affranchi du temps (« Le cri d’un oiseau qui ouvre grand le ciel. Mon œil s’élève, d’un
trait, à la hauteur du monde ») ; les arbres, particulièrement les plus élancés et effilés d’entre eux, que le poète compare à des flammes allant à la rencontre du ciel (« l’arbre brûle au feu des moissons, et porte haut sa flamme verte, fine et dansante »). La transparence profuse qui se fait jour dans Le pacte de lumière est ainsi l’annonce et le sceau d’une vocation qui est celle du poète mais aussi, plus largement, de tout homme : celle de fils de la lumière.
L’infini en toute vie - Ad Solem - 2008
Empruntée à Patrice de La Tour du Pin, l’épigraphe inscrite au fronton de L’infini en toute vie – « Sème en nous des mots qui Te disent » – récapitule la mission que Ph. Mac Leod assigne à sa poésie : dire Dieu, Sa Vie, Son Souffle, dans l’épaisseur et la profondeur de mon être et dans celles du monde. Dans ce livre, le poète emmène son lecteur à la découverte des montagnes pyrénéennes dans lesquelles il a choisi de se retirer pour vivre pleinement sa vocation de poète et de chrétien, de chrétien poète comme il désigne Patrice de La Tour du Pin : « Allons retrouver les sentiers qui descendent nous chercher jusqu’au seuil des maisons. Là-haut, tu comprendras mieux ce pays d’espaces où j’ai choisi de vivre ». L’infini en toute vie se déploie ainsi en huit mouvements qui sont autant de jours et suit la progression d’une marche dans les montagnes pyrénéennes. Cette marche est, pour l’auteur, le prolongement et le déploiement extérieurs d’une vivante écriture intérieure, d’une circulation intérieure qui est celle du sang et de la vie. Par sa densité aérienne et le mouvement allègre et conjoint du corps et de l’âme sur lequel il prend fond, ce livre inspiré
par la fréquentation des hauteurs pyrénéennes est l’un des sommets de l’œuvre du poète.
D’eau et de lumière Lourdes, une spiritualité de la transparence – Ad Solem 2010
Premier livre sur Lourdes, paru en 2010 chez Ad Solem. De sa plume poétique et son regard intérieur, Ph. Mac Leod nous conduit, à travers tous les éléments du pèlerinage à une compréhension profonde des rencontres entre Marie, l’Immaculée Conception, et Bernadette, jeune fille de Bigorre. Reliant ce lieu de grâce à la nature environnante, l’auteur fait chanter la clarté de la source comme le creux du rocher – image de l’intériorité –, … la beauté de chaque visage rencontré. Il nous dévoile ainsi le sens et le chemin vers « l’autre monde » où Marie nous promet, comme à Bernadette, de nous rendre heureux.
Puissance du mystère – Le Castor astral – 2010
Le mot et l’idée de « mystère » sont très présents chez Ph. Mac Leod : mystère de notre présence au monde, mystère de toute singularité humaine, mystère qui m’est confié, mystère du Christ, mystère qui est approché par la poésie, etc... Il s’en explique : «Le mystère ne désigne nullement l’obscur, l’improbable, mais l’insondable, l’infiniment ouvert, aussi brûle t-il d’une lumière aveuglante, de l’éclat blessant de la beauté». Ce petit recueil de poèmes en prose, paru en 2010 chez Le Castor astral, veut nous dire que le monde semble commencer avec la poésie - pour qui sait voir et entendre, tout devient parole, signes, traces, murmures d’un visage - comme la poésie commence avec le monde qui s’entrouvre sur son propre mystère.
Petites chroniques d’un chrétien ordinaire – Desclée de Brouwer – 2010
Dans la préface de ce livre caractérisé par un genre littéraire rare chez Ph. Mac Leod, Jean-Pierre Denis, alors directeur de La Vie, rappelait l’étroite et féconde collaboration entre Philippe et cet hebdomadaire. Il avait en charge la Chronique du poète dans Les Essentiels, «en poète et chroniqueur du vent et de l’âme».
Cet ouvrage propose 55 textes différents de ces Essentiels, en deux parties : La Grande respiration, qui évoque le «ciel intérieur» et Tout est présence qui invite à découvrir « le monde en transparence » et la «chair du secret ». Ecrit à mi-parcours de sa vie d’écrivain, il présente en raccourci les convictions de foi de Philippe, les thèmes principaux qu’il développera, ses sujets de méditation et d’écriture. Pour le découvrir, c’est certainement le livre à conseiller, une première approche d’un écrivain doué et d’une grande profondeur, offrant un modèle de spiritualité qui trouvera écho.
Sens et beauté – Ad Solem – 2011
Paru chez Ad Solem en 2011, ce petit livre facile à prendre avec soi, frappe par l’amplitude des champs traversés et la fluidité de l’écriture – du commencement du monde à l’émergence de la conscience, du dogme chrétien revisité à l’émerveillement de la nature environnante, des hauts sommets au brin d’herbe... « En tout, se faire plus transparent, ne jamais s’attarder, entrer et sortir avec la légèreté du vent. » Paisible, équilibré, mûri, toujours en quête de clarté, sens et beauté, le texte se présente en paragraphes courts, facile à ruminer, à mémoriser. Une belle porte d’entrée sur l’ensemble de l’œuvre de Ph. Mac Leod.
Avance en vie profonde – Ad Solem – 2012
Voici un essai - paru en 2012 chez Ad Solem - qui nous est offert par Ph. Mac Leod pour « avancer en profondeur, en esprit et en vérité, avec la légèreté de la lumière ». Ecrit à la deuxième personne du singulier, ce voyage au coeur du Mystère comporte de très belles pages où l’auteur, en authentique maître de sagesse, décline quelques conseils à la lumière des « trois colonnes » que sont prière, parole et pain. Prière intérieure, recueillement en profondeur, méditation de la Parole donnent vie à notre propre mystère, parce que nous serons convaincus de la transcendance qui nous habite et de la plénitude que nous pouvons viser. Les très belles introductions des 12 chapitres incitent à découvrir toutes les pages de ce livre lumineux.
Le Vif, le Pur - Le Passeur - 2013
Comme L’infini en toute vie, le recueil de poèmes Le Vif, le Pur (dont le sous-titre est Poèmes sont pour un visage) est traversé par la circulation de vie qui fait s’évanouir l’habituelle opposition de l’intérieur et de l’extérieur, qui ne connaît d’autre frontière que celle que nous décidons de dresser, ou laissons se dresser, infidèles en cela à ce qu’est notre âme, dont le souffle et la respiration sont à la fois éminemment personnels, intimes, et pleinement universels, reliés au monde. Cette circulation, Ph. Mac Leod la rencontre, la reçoit en particulier dans les sommets pyrénéens, où demeurent « Le vif, le pur » que nous voudrions, dit le poète, « enfoncer dans notre chair, à la jointure des os », jusqu’où pénètre selon Saint-Paul la Parole de Dieu. Là demeurent « le clair ! l’ouvert ! /où tu respires enfin / sans qu’il soit besoin d’être grand / l’infini au bout des mains / et le silence, son fouet à pleine gorge / mais sans ivresse, pas à pas / jusqu’au sommet où vivent les humbles. » Le Vif, le Pur donne libre cours, plein déploiement à une langue neuve, qui l’est moins par l’originalité de ses vocables que par son ampleur luxuriante, sa limpidité, sa fraîcheur et sa vigueur, son élan lumineux. De cette langue vigoureuse témoignent les derniers poèmes du recueil, en particulier celui intitulé « Côte Basque (Maris stella) ».
Les signes de Lourdes. Un chemin d’universalité – Bayard - 2014
Par ce livre, paru en 2014 chez Bayard, Ph. Mac Leod s’inscrit dans la pastorale dusanctuaire de Lourdes qui avait défini vers cette époque « les signes de Lourdes » comme des éléments présents à la fois lors des apparitions de la Vierge à Bernadette en 1858, dans le texte biblique et dans l’expérience des pèlerins d’aujourd’hui : ainsi de l’eau, du rocher, de la lumière, des malades, des foules… Ph. Mac Leod en donne ici le sens spirituel, longuement mûri tant dans la fréquentation du sanctuaire l’été – puisqu’il travaillait comme saisonnier à la librairie – que dans le silence de sa prière solitaire à Gazost.
Intériorité et Témoignage Aux sources de la présence – Ad Solem – 2014
Ce livre, publié chez Ad Solem en 2014, le plus long écrit par Ph. Mac Leod, est assurément l’expression de l’essentiel de sa spiritualité (Intériorité) et de son projet de vie (Témoignage). Cet essai en 7 rencontres guide le lecteur sur la chemin de la prière. Pour celui qui disait : « J’ai mis la prière au centre de ma vie», l’objectif est considérable, le chantier est ardu : rencontrer Dieu, par le Christ, dans un contexte où la spiritualité a perdu son sens. C’est un ouvrage enthousiaste dans lequel Philippe enseigne et encourage le lecteur en balisant un chemin qui requiert beaucoup d’attention, d’humilité et de persévérance? « Recentrement pour un plus grand rayonnement» , tel est son message pour tous.
Poèmes pour habiter la terre - Le Passeur - 2015
Poèmes pour habiter la terre énonce dans son titre même la mission assignée à la poésie, ce qui fait sa nécessité : celle de rendre le monde plus humain, donc plus habitable, en y décelant, et en les annonçant, tous les signes, toutes les manifestations de la beauté, du mystère, de l’amour. Tout ce qui peut être matière à émerveillement, matière à joie. Les titres des différentes parties du livre (« Routes en tremblant » ; « L’équilibre des mondes » ; « Liturgies buissonnières » ; « Souffles ») dressent l’itinéraire de cet émerveillement et de cette joie qui peut naître parfois d’une douleur transfigurée. De façon sinon unique du moins exceptionnelle dans un recueil de poèmes et plus largement dans un livre, aux mots du poète succède un carnet de lecteurs, dans lequel ceux-ci dévoilent le chemin que ces poèmes ont ouvert dans leur cœur, comment ils ont su venir à leur rencontre et les rejoindre dans le plus intime et le plus profond de leur vie.
Habiter les mots Variations sur la Parole - Ad Solem - 2015
Habiter les mots est le livre dans lequel Ph. Mac Leod expose de la façon la plus complète et lumineuse quelle est sa conception du langage et de la parole poétique.
Gratitude et exigence caractérisent cette conception : gratitude pour les mots qui, s’ils sont recherchés et reçus dans la vérité de l’être (dont le surgissement nécessite le silence comme terreau), permettent, à partir de soi, de dire la beauté du monde et d’accueillir le grand mouvement de la vie ; exigence d’une parole qui soit à la hauteur de cette vérité et ne réduise pas les mots à une fonction mécanique, instrumentale, voire dominatrice. Dans ce livre, Ph. Mac Leod dévoile aussi comment est née sa vocation de poète à la lecture des Psaumes de tous mes temps de Patrice de La Tour du Pin : lisant ce grand poète, qu’il s’est dès lors donné comme maître, Ph. Mac Leod a voulu entrer en poésie comme en religion, faire de l’écriture poétique un ministère de la vérité, de la vie de poète une vocation, de la
parole poétique un prolongement, à partir de soi, de la Parole de Dieu.
Supplique du vivant - Ad Solem - 2018
Voulant vivre en poète et vérifier par-là la vérité de sa poésie, Ph. Mac Leod a fait le choix radical de la retraite, de l’écart, de la solitude : « J’ai choisi la solitude, car j’ai choisi la vérité », écrit-il ainsi dans Sagesses. A l’origine de la poésie de Ph. Mac Leod se trouve donc la retraite et son silence. Supplique du vivant, paru un mois avant sa mort, en même temps que Variations sur le silence, revient sur les raisons de cette retraite. Le poète y dit en effet la nécessité de se débarrasser le cœur, les lèvres et le vêtement de la logorrhée urbaine et mondaine qui à force de l’utiliser à des fins intestines et promotionnelles perd, fait déchoir et anéantit la parole : « la ville…ne cessant de parler de soi, ses caprices, ses saveurs, ses couleurs et ses labeurs…elle parle, portant loin dans les campagnes défraîchies la langue monotone de ses réclames ». En dix sections qui sont autant de stations, le poète dévoile et déploie l’itinéraire qui l’a conduit sur le chemin (chemin des pas, chemin d’écriture et de
prière) de la plus grande vie, qui l’a vu répondre à son appel. Alors qu’il se sait proche de la mort, Ph. Mac Leod écrit dans l’ultime section de Supplique du vivant (« A quai ») que c’est encore et toujours la vie qui l’appelle : « Mais viens, viens – murmure-t-elle de si loin. Ne crains pas…/ Viens – ce n’est plus l’heure. C’est le temps qui t’appelle…/ tout s’efface / l’espace est de retour ».
L’Évangile de la rencontre Jésus et la Samaritaine – Artège – 2018
Cet essai, publié chez Artège un an avant le décès de Philippe peut être considéré comme l’un des plus féconds de son oeuvre littéraire. Il peut aussi être lu comme son testament spirituel . Il propose en effet un résumé très convaincant de la foi chrétienne et, par une voie d’intériorisation et de profondeur vivante, il veut nous introduire dans l’intimité avec le Christ. Avec un regard d’exégète sur l’Evangile de Jean et avec son style propre Philippe propose quatre chapitres sur la rencontre de Jésus avec la Samaritaine, un chapitre sur la femme adultère, un autre sur la difficile rencontre avec Nicodème et enfin un septième, convaincant, sur Le mystère du Christ, qui n’est plus seulement un vis-à-vis mais un espace à habiter, Dieu en qui l’on demeure. Cette adhésion vivante au Christ nous permet de la communiquer à
notre frère par notre présence, par notre propre chair transformée, devenant ainsi des signes vivants de Sa présence..
Variations sur le silence – Ad Solem - 2018
Conçu d’abord pour paraître dans un seul volume avec Habiter les mots, dont il est le pendant, ce livre est sorti en janvier 2019 chez Ad Solem, un mois avant la mort de Ph. Mac Leod. Le recueil comprend deux parties, Terres du silence et Demeures du silence, prenant tour à tour comme support la nature environnante et les choses familières. Comment, en effet, parler du silence pendant des pages ! ? La plume du poète surfe avec aisance et légèreté sur tous les éléments, et nous révèle avec une grande sensibilité le fond de son existence.
Je est Amour - Ad Solem - 2024
Ph. Mac Leod écrit ce livre en juillet-août 2018 alors qu’il se sait atteint d’un cancer depuis le mois de mai. Un livre long, dense, unique en son genre, qui nous présente à la fois :
- Un retour sur expérience: c’est en accomplissant pleinement sa singularité que chacun peut s’ouvrir de l’intérieur au mystère de la Vie, qui le met en communion avec tous.
- Un nouvel approfondissement de sa recherche, en prenant comme arrière-fond toute l’évolution du vivant : l’Esprit travaille la création de l’intérieur et la mène vers toujours plus de conscience.
- De nombreux points de discernement concernant la vie spirituelle : le « moi » et le « Je » ; l’introspection et la vie intérieure en Dieu ; le cœur profond et le mental ; le vrai silence…
- Ses convictions concernant l’avenir de l‘Église, enfin, dans son dernier chapitre intitulé « Perspectives ».
C’est en tout cela que ce livre peut être présenté comme « son testament ».
Le titre Je est Amour s’appuie sur l’expression d’Arthur Rimbaud : « Je est un autre », relayé par Maurice Zundel dans son livre Je est un autre (Anne Sigier, 2006).
En un mot, Philippe nous invite à devenir nous aussi des buissons ardents, où Dieu se dit (cf. Ex 3) :
« Je est Amour. Plus rien d’autre à connaître. Je suis ton christ. Chaque fois que je laisse passer ton amour dans mes veines, je suis ton verbe, ta parole, ton visage, ton monde qui sort des eaux d’un déluge de larmes de joie plus puissante que toutes les ratures du repentir » (p. 187).
Estuaires - Ad Solem - 2024
Dernier recueil de poésie, écrits en Bretagne entre 2016 et 2019.
L’auteur habite désormais au bord d’un aber, qui s’emplit et se désemplit au gré des marées. Comme il le dit au début du recueil, « tout bouge », c’est un grand changement :
Les montagnes formaient un cloître ouvert sur le pur azur. Les murs sont tombés sous les coups répétés du large. Voici le royaume des airs, qui nous dépossède de nos pieds, nos jambes encore nouées de tant d’ascensions. Nous n’avons plus que nos deux yeux. Ils portent avec eux le ciel et la terre… (p. 49).
Ce recueil est rempli d’espace, d’horizon, de mer et de ciel qui se confondent, de tonicité des eaux et de rochers sentinelles, qui tracent la route vers l’au-delà de ce que l’on voit ; le vent, les ailes, le souffle, le bleu, l’étalement sans bords, se répondent avec agilité.
C’est avec émotion qu’à travers ces pages, on peut le suivre vers l’estuaire de sa propre vie : car sous-jacent à ce qu’il voit et décrit, il nous parle de la dernière étape de son parcours en train de s’ouvrir sur ce qu’il a toujours cherché.
Billet "Je est Amour" - Martine Digard
Je est amour est le « testament » de Philippe Mac Leod, décédé en février 2019, livre qui vient de paraître aux éditions Ad Solem. Il paraît qu’il y a une faute dans ce titre : Le mot amour devait prendre une majuscule. Je est Amour. Oui, apparemment, cela change tout. En trois mots, le moi est Dieu. Ou la conscience est Dieu. Mais ce n’est pas exactement ça, (on va y revenir), alors j’aime aussi le titre actuel qui nous inspirera plus simplement. Philippe Mac Leod, peut-être l’avez-vous connu, est un poète contemplatif, aimant la solitude et la nature. Après sa jeunesse, avant la quarantaine, il a cependant mené une vie mondaine d’une grande densité culturelle. Mais reconverti, il passe de longues périodes dans des monastères avec l’idée de se faire moine. Puis il choisit la liberté, vit dans plusieurs endroits, tout particulièrement près de Lourdes pendant dix ans, pour finir ses trois dernières années à Pleudaniel, dans la maison jouxtant la chapelle Notre-Dame-de- Goz-Illis. Mais plongeons dans le livre. C’est en quelque sorte, une suite de méditations en forme de chemins de vie (p.229). En fait, Philippe Mac Leod nous fait entrer dans l’intime du cœur. Ce sont non pas des mots sur le silence, mais dans le silence et pour le silence. (p.159) En effet, pour faire la rencontre du Seigneur qui est Amour et Vie, il faut d’abord quitter les histoires que je me raconte, les bandes sonores ou visuelles qui défilent sous mon crâne pour pénétrer la lumière intime qui les éclaire, les irrigue, les enveloppe, une lumière qui est vraiment mienne. (p.76). Il compare en effet notre démarche à celle de l’Exode : sortir du pays d’esclavage, traverser
le désert du dépouillement pour rencontrer Dieu. (p.155) C’est tout un effort, et plusieurs recommencements. S’enfoncer dans de plus en plus de silence, d’oubli de soi (Ah l’ego, quel pot de colle ! p.109) pour finalement y rencontrer la Présence, qui nous unifie et nous fait sentir une force nouvelle totalement inédite, c’est tout un travail. (p.121). Du coup, on essaye. On se donne une demi-heure, montre en main, car on ne cesse de se déconcentrer, et oui, si on s’abandonne, si on s’éloigne de tout le bruit qui disperse quand le silence rassemble (p.146), on finit par… et là, c’est indicible. Dieu nous rejoint dans cette chair qu’il fait Chair, par le Christ. D’où le A majuscule dans Je est Amour. Ce n’est pas de l’abstrait, c’est une communion ; c’est à méditer, contempler.
Martine Digard.
Pour bulletin paroissial - Février 2025
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