Rameaux
Le péché n’est pas l’Adam en soi, mais en chacun de nous la résistance de l’Adam à cette force d’attraction du Christ. C’est un exode désormais qu’il nous faut reprendre en chacun, une histoire à accomplir personnellement, jusqu’à ce que le sens ultime parvienne à maturité : comme un apprentissage de la chair, une lente appropriation, du dehors vers le dedans, de l’enveloppe des figures vers le cœur de la parabole, que nous déroulons depuis le commencement et que sa signification dernière effacera du même coup.
Passage demeure le maître mot : de l’ancien au nouveau, du pays de l’esclavage à la liberté d’une terre sans frontières, de la mort à la vie, de cette vie à ce qui vit en elle. (Avance en vie profonde, p. 160-161).
Jeudi saint
Dans l’eucharistie, le corps du Christ ne cesse d’être rompu, distribué, émietté : nous sommes les membres d’un corps qui rassemble en se donnant, membre de ce don, de cette offrande, à vivre et à perpétuer dans sa dimension universelle.
Pour chacun de nous, l’eucharistie devient alors un centre mystique, un point de rayonnement à partir duquel le corps s’agrège et auquel il faut sans cesse revenir, de peur que le visage ne transmette plus rien.
L‘ancienne alliance réclamait le sang des animaux, la nouvelle alliance, celui de notre vie, dans un radicalisme toujours déchirant, chaque fois que l’hostie se brise entre les mains du prêtre. (Habiter les mots, p. 60).
Vendredi saint
Fais de nous, Seigneur, l’éclat mystérieux d’un lointain toujours proche, qu’on peut voir, entendre, toucher, notre face comme une couronne, l’auréole d’une parole plus intérieure.
Apprends-nous à aimer l’épanouissement silencieux de la croix, au pied de laquelle comme jadis se rencontrent les moqueurs et les amis.
Fais-nous la grâce de persévérer dans la faiblesse, dans la pauvreté des moyens que tu nous laisses.
Ne permets pas que nous succombions à la tentation de la revanche, du triomphe, mais pousse-nous, pousse-nous toujours plus loin en ce monde, avec pour seul étendard la nudité de ton visage. (Un rêve, Les essentiels de la Vie 7/2/2019)
Samedi saint
M’ouvrir, m’éclore, me réaliser dans un enjambement de soi par soi, de la vie par la vie, qui n’avance qu’en s’effaçant. Il n’est d’effort sur nous-mêmes que dans la conscience de notre inachèvement, et en l’inscrivant au principe même d’une nature qui m’y pousse. […]
L’éternité s’accommode mal de nos étroitesses. Elle déchire le cocon de nos univers. Elle viendra comme un paysage de neige au matin, un scintillement qui fait toute
chose nouvelle. Comme ce jour d’altitude qui unifie le temps et l’espace dans le même éclat. (Avance en vie profonde, p. 162)
Dimanche de Pâques
La nuit ne pourrait être véritablement percée si le Christ ne l’avait fendue de part en part. Il n’a pas seulement ouvert devant nous un chemin à travers la mer, il nous y fait passer, un à un, d’âge en âge. Lui-même ne cesse d’advenir, de croître, d’ouvrir pour nous, toujours plus large, une nuit qui ne disparaît pas mais retombe comme sable au fond d’une chair se clarifiant. (S et B, p. 64)
2e dimanche de Pâques – octave
Si tout est accompli, rien n’est achevé. Le Christ ne cesse de nous boire, de nous aspirer, par la soif que nous avons de lui. Sa soif est notre attente, celle de son corps qui n’en finit pas de monter en gloire. Premier-né d’entre les morts, il a franchi le saint des saints, le cœur du cœur, pour pénétrer au-delà de notre humaine condition, laissant le passage ouvert, étroit comme une plaie, lumineux comme un rai d’aube. C’est une voie nouvelle et exaltante qu’il inaugure. Il a traversé le temple de pierre pour disparaître à l’autre bout, derrière le rideau des figures. Le monde lui-même est désormais percé, livré à tous les vents de l’au-delà. Il s’est élargi d’un autre ciel, d’un ailleurs qui vient resplendir jusqu’au seuil de nos heures. (Avance en vie profonde, p. 165)
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