Pascale Patillon et Philippe Mac Leod : une fructueuse mais si brève collaboration
Suite à une première rencontre à Auray – Morbihan – avec Pascale Patillon, le 18 octobre 2024, nous vous présentons l’essentiel de nos échanges.
Anne-Yvonne et Jean-François Duyck
1 – Pascale Patillon
- Pascale est praticienne libérale de la fasciathérapie Méthode Danis Bois à Auray et propose, d’une part, des séances individuelles et d’autre part des cours collectifs de gymnastique
- Les séances individuelles
La fasciathérapie est une thérapie manuelle qui agit sur les fascias, fines membranes qui enveloppent les muscles et les organes, l’objectif principal étant d’activer les capacités d’autorégulation naturelle du corps (unité corps/psychisme) et de développer la perception du corps en rétablissant l’équilibre et l’élasticité des fascias.
- Les cours en petits collectifs, qui ont plusieurs objectifs :
découvrir que le corps humain est charpenté pour se tenir debout à moindre effort, pour peu que l’on apprenne à se glisser dans son intelligence structurelle
se mettre debout, c’est-à-dire se placer dans la posture propre de l’homme : posture de reliance, qui dégage le cœur et à partir de cela pouvoir ouvrir les bras pour accueillir et offrir
développer une posture de relation, de présence au monde
s’entraîner à l’écoute intérieure de soi, des autres - « prête l’oreille de ton cœur » - et à la recherche du mot qui nommera au plus près le ressenti, en s’appuyant sur la conviction profonde que l’ « on a le modèle », que les lois du vivant sont nécessairement inscrites dans notre corps et qu’il nous appartient de nous laisser être enseignés par lui.
- En 2013, une « Méditation du jour » proposée par Magnificat présentait un passage du livre de Philippe Mac Leod - écrivain et poète chrétien vivant dans les Pyrénées - Avance en vie profonde (Ad Solem 2012). Ce court extrait a immédiatement provoqué chez Pascale le besoin de découvrir ce livre et d’en partager des passages au fil des cours collectifs, qui ont touché et éveillé le désir de pouvoir - qui sait ? - rencontrer cet homme à la sensibilité si bouleversante, capable de faire ressentir l’amour et la beauté qui portent le monde.
- La rencontre entre Philippe et Pascale eut lieu en novembre 2017 à l’Abbaye de Saint-Jacut-de-la-Mer où il animait un séminaire. Leur partage suscita la conviction commune que la qualité d’une attention, d’une présence à soi et à autrui, d’une sensibilité à la résonance intérieure des mots permettrait à la Parole de Dieu d’être reçue, simplement et profondément, même pour des personnes l’ignorant totalement. Quelques jours après cette rencontre Philippe s’est rendu à Auray et cela s’est renouvelé chaque mois jusqu’en mai 2018.
De part et d’autre se frayait le chemin vers une rencontre collective, en vue, pour Philippe, d’une présence plus vive à la réalité du corps vivant et, pour Pascale et les membres des cours, en vue de la poursuite de la découverte de l’œuvre de Philippe.
2 - Quelles attentes de Philippe Mac Leod ?
Depuis le mois de mai 2016 Philippe vivait à Pleudaniel (Côtes-d’Armor) dans un nouveau contexte, avec de nouvelles relations et une certaine évolution de son projet de vie, plus orienté sur les relations et les échanges spirituels - après l’écriture dans les Pyrénées, la parole en Bretagne ? -, sous des formes qu’il commençait à mettre en œuvre : rencontres à l’abbaye bénédictine de Ligugé, séminaires plus nombreux à Saint Jacut, animation de groupes de lecture biblique dans le Trégor, l’animation du Triduum pascal à l’Ile Blanche-Locquirec en mars 2018, etc...
Il souhaitait notamment « avancer » sur deux sujets : mieux comprendre la relation entre la chair et le corps et d’autre part mieux pratiquer et partager l’expérience de l’intériorité.
a / Bien sûr, il différenciait chair et corps ( par exemple, cet extrait de Sens et Beauté - Ad Solem 2011- à la page 69 : « Si la chair évoque la substance, le corps se réfère davantage à l’organisme, aux membres liés les uns aux autres. Le corps renvoie immanquablement à l’espace, à l’action, aux mouvements coordonnés. Il se donne comme un tout organisé, quand la chair résonne de l’intime ».
Le corps est bien le lieu de notre rencontre concrète avec le Christ, de l’expérience de notre union avec Lui.
Or il se rendait compte que le mot « chair » est souvent difficile à saisir pour les catholiques. Il s’en était notamment ouvert auprès de François Cassingéna-Trévédy et d’un ami, Jacques Lefevre. Ce dernier l’avait orienté vers la lecture du livre d’Antonio Damasio - que Philippe a lu - L’ordre étrange des choses : la vie, les sentiments et la fabrique de la culture (Odile Jacob 2017).
b / Son projet était également de mieux faire connaître, vivre et partager la spiritualité fondée sur l’intériorité.
Le premier objectif du travail avec Pascale était de vivre davantage la relation au Christ dans et par le corps, le sien et celui des autres...Vivre son corps dans sa verticalité, dans la méditation et le silence.
3 / Les 25 et 26 mai 2018 : la rencontre avec le groupe. Témoignages.
Le projet naissait d’un lieu résidentiel où les personnes participant aux cours collectifs seraient accompagnées pour vivre leur intériorité en impliquant le corps, avec les objectifs suivants : la conscience de son corps vivant, de l’habiter , d’une plus grande proximité à soi-même...jusqu’à une prise de conscience de la présence en soi d’un plus grand que soi.
Les 25 et 26 mai 2018, la rencontre tant espérée entre Philippe et celles et ceux « qui se tiennent debout ensemble » eut enfin lieu. Les deux groupes étaient mêlés. Ce fut un temps de présence intense, à la fois à soi et ensemble, éprouvée et nommée par chacun, créant une unité profonde entre les participants, avec la puissante perception que ce qui les reliait les faisait membres d’un Corps Vivant, Autre.
La rencontre avec Philippe a marqué un palier déterminant dans ce qui se vivait « en cours de gym » : une qualité de profondeur nouvelle, un sentiment d’appartenance à plus grand que soi...
Trois jours plus tard, le 29 mai 2018, Philippe faisait un grave malaise et une tumeur au cerveau fut diagnostiquée peu après.
Beaucoup des participants ont eu à cœur de lui écrire. Voici quelques extraits de ces témoignages, chacun correspondant à une personne différente.
- Philippe, partager la présence du corps avec toi, dans l’unité du groupe, est ce que j’emmène avec moi, dans mes cellules. Un sentiment de profondeur et de vivant...
- Cher Philippe « Descendre en nous-même, comme on redresse le front ...» et partager cette aventure intime avec d’autres que soi. Elargir le cercle, et réaliser que la communion s’opère...
- Un cadeau ! Merci, Philippe pour ta présence, initiatrice de cette rencontre. Tu étais déjà depuis longtemps un des liens invisibles entre nous tous...Merci pour ta poésie lumineuse...Quel bonheur d’être une femme debout !
- Philippe. Au fond de moi, j’ai senti que je franchissais un palier. Depuis je me sens plus forte car mon corps est solide et en paix avec mon esprit...
- Un moment chargé d’émotions cette rencontre avec le poète dont les écrits ont été si souvent cités et notés au tableau de nos cours...
- L’expérimentation se faisant pas à pas, magistralement orchestrée par Pascale, guide bienveillante de nos esprits et de nos corps. Moment incroyable que de partager avec Philippe, l’entendre réfléchir à haute voix, avec cette humilité bienveillante, sur des sujets profonds...
- Cette expérience dans mon corps et au-delà m’a laissé un sentiment de confiance ..., un « déjà là » qui ne demande qu’à rester, à œuvrer, comme l’évidence d’une rivière qui coule et ne s’arrête pas de couler. Merci.
Et enfin, voici un extrait du témoignage de Pascale Patillon
J’ai vécu ces deux rencontres dans un profond sentiment de gratitude. Elles étaient le fruit d’une aspiration partagée, œuvrée durant six mois, et chacun de vous a répondu présent, d’une présence droite, forte, belle.
Ce que je vivais chaque mois avec Philippe - ce « désencombrement de soi » où l’humilité s’épanouit, où l’Amour peut œuvrer en abondance - était pour nous tous, ensemble.. ...comme si, un court moment et à jamais, nous avions touché la réalité du « Royaume de Dieu », qui est déjà pour maintenant, si nous contribuons à le construire ! Merci à vous tous.
Merci à Pascale pour son accueil à Auray, pour sa lecture avant diffusion du compte-rendu de cette visite et pour son enthousiasme qui perdure.
Jean-François Duyck
- Décembre 2024 -
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